Un printemps de braises de Alain Le Blanc

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Il y a plus d'un mois, je suis allée à la bibliothèque d'Ochey (il faut bien la faire vivre un peu), alors que j'ai encore beaucoup de livres à lire à la maison, et dans les quelques livres qu'il y avait, j'ai pris celui-là pour ne pas repartir sans rien.

C'est la quatrième de couverture qui m'a un peu décidée : "Au cours de l'année universitaire qui va voir éclore mai 68, l'histoire de Laura, brillante élève de philosophie, et de Vivien, transfuge de l'avenue Foch, que les circonstances réunissent à Nanterre. Lui est un héritier fortuné, beau gosse, il attire autour de lui nombre d'amis, roule en Austin Hiley décapotable. Laura est sans moyens et loge à la cité U. Ils vivent un amour fusionnel et deviennent inséparables. Peu à peu, Laura découvre chez ce riche dilettante, intelligent et esthète, une autre personne : Vivien est un membre actif d'Occident, qui n'hésite pas à faire le coup-de-poing la nuit contre les militants de l'UNEF. Elevée dans des idées progressistes, elle croit verser dans un mauvais rêve. A l'engouement succède l'incrédulité, la culpabilité, la volonté de le changer. Déchirée, dépendante d'un garçon qui a tout pour la séduire et dont les convictions lui inspirent le dégoût, horrifiée de sa propre attirance, elle ne cessera de combattre une dérive de pensée devenue le poison de leur relation."

Roman d'initiation sur le mystère de l'identité, la découverte de la dépendance sexuelle et l'éveil d'une conscience politique, "Un printemps de braises" offre une approche inédite de la naissance de mai 68.

Eh bien, j'ai lu ce roman avec plaisir, même si parfois j'y ai trouvé quelques longueurs, me demandant sans cesse, va t-elle le laisser ? De nombreux événements, dont ceux de mai 68, influencent ses choix. A la fin, j'imagine la suite avant d'aller plus loin, et j'ai à chaque fois faux. La fin d'ailleurs est un peu triste et m'a fait verser une petite larme.

Quelques extraits :

"Ils avaient en commun l'arrogance bruyante de la jeunesse dorée à qui tout est donné depuis la naissance et qui regarde avec supériorité ceux qui ont tout à conquérir."

"L'un d'eux arrêta son attention par sa présence incongrue au milieu des autres. L'ouvrage était abîmé. C'était une vieille édition de 1930, un exemplaire au papier jauni et fané. Elle avança la main pour le sortir du rang et hésita à l'ouvrir. Elle fixait la couverture sans s'y résoudre, avec la crainte qu'inspire un objet brûlant, paralysée par son titre : Mein Kampf. Comme tout le monde, elle connaissait l'existence de ce livre, elle en connaissait la nature et le contenu, elle savait quelles idées il véhiculait, mais elle ne l'avait jamais lu. Il ne lui serait jamais venu à l'esprit de se le procurer, ni d'aller à la Bibliothèque nationale pour le consulter. Elle l'avait toujours considéré comme une lecture nuisible, qu'il valait mieux ignorer. Peut-être n'était-ce pas la bonne attitude ? Peut-être fallait-il tout lire, même ce qui est une insulte à la pensée, même ce qui suscite la répugnance et oblige à plonger au coeur de l'abjection ? Peut-être la bonne attitude consistait-elle à regarder en face l'inacceptable plutôt que de détourner les yeux ?"

Et enfin un petit dernier que je vais mettre en parallèle avec un extrait d'un article de Christophe Barbier intitulé "La gauche en ruines", écrit suite aux résultats du premier tour des élections départementales du 22 mars, que j'ai lu il y a deux jours, juste le lendemain de cet extrait qui concerne les événements de mai 68 : "L'effervescence était celle d'un meeting, les thèmes abordés reprenaient les débats lancés par le Mouvement du 22 mars : projet de réforme de l'enseignement, rénovation de la société française, résistance aux fascistes."

Christophe Barbier : "De Manuel Valls à Jean-Luc Mélenchon, la gauche possède toutes les couleurs du républicanisme sur sa palette, elle peut raviver la laïcité et révolutionner le dialogue social : pourquoi ne peint-elle qu'en vieux rose, la couleur du renoncement et du rien ? Il fut une époque où un Mouvement du 22 mars décida de transcender la gauche par la mobilisation de la jeunesse, la contestation tous azimuts et l'apologie de la révolution : c'était en 1968, c'était il y a mille ans..."

Je dis souvent qu'il y a des coïncidences troubles dans les dates !

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S
Ah bah là au moins t'as pas raconté le bouquin ! ;)
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L
Il a pas l'air mal ce bouquin. Je trouve ça plaisant d'essayer d'imaginer la suite et de toujours avoir tort. Ca prouve que l'auteur ne choisit pas la facilité et sait nous surprendre.
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1
Oui c'est bien quand l'auteur arrive à nous surprendre, c'est la preuve de son talent. Quand je ne suis pas surprise, je suis souvent déçue : histoire trop prévisible, trop classique