L'enragé de Sorj Chalandon

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C'est le quatrième livre que je lis de Sorj Chalandon et cette fois encore j'ai adoré ce livre ! Sorj Chalandon fait partie de mes auteurs préférés pour sa façon d'écrire et les histoires captivantes qu'il raconte. Quand on commence on veut sans cesse lire plus loin pour connaître la suite et la fin.

Quatrième de couverture (le début est un extrait du livre) : "Je n'ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c'est un océan, tu t'y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l'obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N'avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes. S'évader les yeux ouverts et marcher victorieux dans le sang des autres, mon tapis rouge. Toujours préférer le loup à l'agneau."

Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s'échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. La chasse aux enfants est ouverte. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux dernières lueurs de l'aube, un évadé manque à l'appel. Voici son histoire.

Pauvres enfants ! Parfois, pourtant, je trouvais Jules Bonneau, surnommé La Teigne, bien ingrat envers le patron pêcheur qui l'a recueilli sur son sardinier. C'est certainement compréhensible vu ce qu'il a vécu avant.

Extraits : "Les plus jeunes dormaient dans les combles, en dortoir de huit. Lits de fer, commodes, draps et couvertures pliés le matin. Les plus âgés avaient droit à une cellule, grillagée. Une cage à lapin bouclée de l'extérieur. J'étais seul dans mon clapier et ça m'allait."

"Il m'a pris dans ses bras. Longtemps. - Tu sais pourquoi je t'ai tendu la main, le premier jour ? Non, je ne savais pas. - Pour que tu desserres le poing. J'ai souri."

Et puis ce long extrait qui explique tout à mon avis, mais qui n'a pas de lien avec l'histoire, puisque Jules Bonneau quitte Belle-Île-en-Mer en 1937 et que le chapitre qui suit tout à la fin s'intitule : lettre au Boche qui va me fusiller et ça se passe en 1942.

"Tu vois, le Boche, aujourd'hui, tu ne vas tuer personne, parce que personne ne va me pleurer. Ma mère m'a abandonné, mon père m'a fait enfermer dans un bagne pour enfants. Mon seul ami s'appelait Camille et la France l'a pendu à 18 ans. En me fusillant, tu ne fais aucun mal à la France. Elle s'en fout de moi, la France. Ce n'est pas pour elle que je me suis battu, c'est contre toi. Parce que tu es le pire des salauds. Ma France, tu vois, c'est un pêcheur breton, une infirmière, un communiste, un frère basque et un garde-champêtre de Mayenne. Ce sont eux, mon pays. Ils m'ont entendu, secouru et protégé. L'autre France, celle des braves gens, un jour elle te foutra dehors. Mais qu'est-ce que je serais devenu moi, le jour de la victoire ? Pas de place pour La Teigne au grand bal tricolore. Alors tu sais quoi, le Boche? Cette France te dit merci. C'est toi qui va faire son sale boulot. Tu ne lui fabriques pas un héros, tu la débarrasses d'un vaurien. Et moi, le Boche, je te botte le cul !"

 

 

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