Triste tigre de Neige Sinno

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Quatrième de couverture : J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.

En quatrième de couverture, elle explique pourquoi elle a écrit ce livre.

Violée par son beau-père pendant des années lorsqu'elle était enfant, elle n'a jamais rien dit. Elle avait peur que sa mère se retrouve seule avec quatre enfants, et donc de vivre dans la misère. Et sa mère aimait cet homme. Donc elle ne pouvait rien dire.

Finalement un jour elle raconte tout à sa mère, elle est déjà adulte (19 ans je crois). Elle a peur que sa petite soeur subisse la même chose qu'elle. Mais non, lui-même a dit qu'il n'aurait jamais violé sa propre fille. Elle en a voulu à sa mère de n'avoir jamais rien vu, mais aussi d'avoir attendu un an lorsqu'elle a su avant de demander le divorce.

Dans ce livre, elle essaie d'abord de comprendre pourquoi des hommes peuvent être des violeurs, qu'est-ce qu'ils ressentent lorsqu'ils violent un enfant. Et ensuite, elle parle de sa vie. De sa vie foutue. Elle n'a jamais réussi à vivre comme tout le monde. Elle imagine dans chaque enfant qu'elle croise, un enfant violé. Elle soupçonne tous les hommes d'être des violeurs. Lorsqu'elle emmène sa fille au parc et que là, il y a des hommes avec leur enfant, elle s'imagine le pire.

Beaucoup lui en ont voulu d'avoir dénoncé son beau-père. Ceux qui le connaissait (mais en fait non il ne le connaissait pas) trouvaient que c'était un homme bien. Même sa demi-soeur car elle l'a privée d'un père.

Il a aussitôt reconnu les faits. Il a reconnu les faits car il voulait expliquer au tribunal pourquoi il avait fait ça, il pensait qu'il ne serait pas beaucoup condamné. "Il a pris en main jusqu'à sa propre condamnation. À la fin, quand la perspective de la prison s'approchait, il a cherché à se défendre, à trouver des circonstances atténuantes, à vouloir cacher certains faits. Il voulait reconnaître sa culpabilité mais qu'on ne le punisse pas trop quand même, car il méritait de se réintégrer dans la société, il s'engagerait à ne pas recommencer. Il était digne de confiance." Condamné à neuf ans de prison, il est sorti au bout de cinq ans pour bonne conduite. Et il s'est même remarié avec une femme beaucoup plus jeune que lui et a eu quatre enfants. Là aussi, elle ne comprend pas qu'une femme puisse vivre avec un violeur d'enfants.

Extrait : "Souvent ma fille me demande de parler de l'époque où j'étais petite. Je ne sais pas si elle essaie de s'imaginer à ma place. De mon côté j'aimerais tant la connaître depuis un point de vue d'enfant au lieu d'être toujours cette adulte qui organise sa vie. Devenir son amie. Ce serait merveilleux. Mes pensées dérivent. J'essaie de m'imaginer, moi, petite fille, dans sa vie à elle, cette vie protégée que je n'ai pas eue. Est-ce qu'en grandissant je me transformerais encore en moi ? Et si non, en qui me transformerais-je ? Moi dans la vie de Max, qui a été choyé et aimé par deux parents normaux, dans celle de mes amies qui ont grandi avec des mères célibataires ou en foyer, est-ce que je serais encore moi ? Est-ce que j'ai gagné quelque chose en vivant ce que j'ai vécu ? Est-ce que j'ai perdu quelque chose ? Si j'ai gagné, ou appris quelque chose, comment le lui donner, comment le lui transmettre sans qu'elle ait à passer par là ? Si j'ai perdu, comment m'assurer qu'elle n'héritera pas de mes blessures ?"

 

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