Être un chêne (sous l'écorce de Quercus) de Laurent Tillon

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Un très beau livre qui m'a bien plu, même si parfois il y avait des explications assez techniques que je lisais très vites, ou des mots en latin que je n'essayais même pas de lire correctement. Il a donné aux animaux, insectes ou champignons les noms en latin, donc souvent j'étais obligée de revenir au sommaire pour savoir de quoi il parlait.

Le chêne c'est Quercus (là ça va), Apodémus le mulot, Leccinum le bolet, Tortrix la chenille, Nemobius le grillon, Neuroterus la guêpe, Canis le loup, Silva la forêt (là aussi ça va), Fagus le hêtre, Pinus le pin sylvestre, Dryocopus le pic noir, Cerambyx le petit capricorne, Dendrocopos le pic épeiche, Myotis la murine, Salamandra la salamandre, Lacerta le lézard des souches et Homo l'homme, bien sûr !

En fait si je les cite tous c'est parce que tous interviennent dans la vie de Quercus le chêne.

On voit toute l'évolution de la forêt et l'évolution de sa gestion de 1780, à la naissance de Quercus, jusqu'à nos jours. Très intéressant !

Quatrième de couverture : "Les arbres aussi ont une histoire. Et ils la racontent à tous ceux qui perçoivent les mille petits signes inscrits dans leur écorce, dans la forme d'une branche ou dans l'amitié nouée avec leurs voisins. Depuis son adolescence, Laurent Tillon écoute patiemment Quercus, un grand chêne sessile dans la force de l'âge, deux cent quarante ans. Il nous révèle dans ce livre une histoire pleine d'aventure qui a débuté avec la Révolution française. Au gré des péripéties aussi diverses que tumultueuses, c'est l'histoire de tout le petit peuple de la forêt qui se fait jour, entremêlée à celle de Quercus. Ce texte nourrit de science, de poésie et de philosophie nous confie quelques-uns des grands secrets de la forêt et nous indique les pistes à explorer pour l'admirer longtemps encore."

Extraits : "Alors que Quercus va amorcer sa croissance, tout va changer pour Homo. Les grandes famines successives auront raison de la patience des serfs qui se révolteront contre leur roi, contre les privilégiés. Avec la Révolution française, le règlement portant sur la gestion des forêts volera en éclats. On viendra se servir en forêt, sans limites. Le gibier, le bois, tous ce qui peut alimenter un foyer pourra être prélevé, sans aucune limite. Quercus passera à travers."

"Pour toutes ces raisons, les seigneurs, puis les rois ont déclaré la guerre au loup, comme si l'essence divine de leur fonction les autorisait à décider pour Dieu de l'espèce qui avait sa place et de celle qui devait disparaître dans cet équilibre naturel pourtant si précaire. Droit de vie, pouvoir de mort sur les fruits de millions d'années d'évolution biologique. Depuis des siècles donc, on pourchasse les loups. On les persécute. On crée un corps de louveterie spécialement dédié à leur extermination."

"Le hêtre, Fagus sylvatica, aussi appelé "fayard" par les sylviculteurs, en fait partie. Un gros hêtre avait produit des faines elles aussi dispersées par les animaux. Demeurant à un stade d'arbuste avec peu de lumière, Fagus attendait son tour depuis quelques années, à l'abri de l'"arbre-parent", à quelques mètres de Quercus. Son feuillage très dense lui a permis de capter les photons nécessaires à sa survie pendant ses jeunes années bien qu'il fût à l'ombre. Puis de patienter, tranquillement, jusqu'à ce qu'une opportunité se présente."

"Notamment un, particulièrement vorace, le pseudoscorpion. Ce dernier, de très petite taille, n'a pas le dard que l'on connait aux scorpions. Mais comme ces derniers, il a deux pinces au bout desquelles des glandes à venin lui permette d'immobiliser sa proie efficacement. Le problème de ce prédateur est qu'il n'a pas la possibilité de mordre ni d'agripper sa proie, de la découper ou de la mastiquer avec sa bouche. Alors, le pseudoscorpion a développé une méthode bien à lui. De son rostre, c'est à dire avec ses pièces buccales rétrécies en aiguille, il perfore la proie et y injecte une forme de salive particulièrement active, dont les puissants enzymes digèrent la proie seulement paralysée. Encore vivant, l'insecte sent ses viscères se liquéfier. Il ne reste plus au pseudoscorpion qu'à aspirer."

"Quercus ne grandit plus, ou presque plus. En revanche, il continue à produire du bois et des feuilles en quantité, jusqu'à sept cent mille par saison, soit trois à quatre tonnes de feuilles par hectare pour une chênaie-hêtraie comme ici. Les branches plient sous leur poids et l'architecture des arbres s'en trouve modifiée... Avec un tel nombre de feuilles, Quercus dispose d'une surface d'échange avec l'atmosphère de sept cents mètres carrés. Des millions de cellules dont les usines chimiques associent l'air à l'eau pour construire du bois. Pour fabriquer un kilogramme de matière carbonée et deux cents litres d'eau chaque jour, Quercus doit ainsi pomper jusqu'à quatre mille mètres cubes d'air."

 

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