Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson

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Et voici le deuxième livre du challenge terminé ! Oh, il n'était pas très épais, environ cent vingts pages !

Quatrième de couverture : Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides. La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs. Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.

Un jour, alors qu'il a un peu trop bu et qu'il fait le pitre sur un toit, il tombe. A l'hôpital, "corseté dans un lit", il se jure que s'il s'en sort il traversera la France à pied, lui qui a déjà beaucoup marché, mais toujours à l'étranger : "Moi, je trouvais désinvolte d'avoir couru le monde en négligeant le trésor des proximités." Muni d'une carte IGN, le voilà parti le 24 août de la frontière italienne depuis la gare de Tende pour un périple à pied jusqu'à la pointe nord du Cotentin, arrivé le 8 novembre. Il va suivre les chemins noirs, ces chemins tracés en noir sur sa carte. Suite à un rapport d'experts une trentaine de départements se retrouvent classés en "hyper-ruralité" (pas de numérique, pas assez desservis par le réseau routier, privés de grands commerces et d'accès aux administrations) : "Pour eux,la ruralité n'était pas une grâce, mais une malédiction... Ce que nous autres, pauvres cloches romantiques, tenions pour une clé du paradis sur Terre - l'ensauvagement, la préservation, l'isolement - étaient considérés dans ces pages comme des catégories du sous-développement." Ces départements de l'hyper-ruralité prennent en écharpe les Alpes du Sud, marchent vers les Vosges et les Ardennes en englobant la quasi-totalité du Massif Central et nombre de départements voisins de la Haute-Loire. "Ces territoires du Mercantour à la Lozère, correspondaient au cheminement du loup après son retour en France. Pas folle la bête ! Elle mettait sa tranquillité au pinacle des vertus. Non seulement le loup n'attaquait pas l'homme mais il tenait à l'éviter." Il quittera ces départements au nord du Massif central pour aller vers le Cotentin. Il décrit tout ce qu'il voit, entend, les personnes rencontrées tout le long de son chemin, qu'il fait parfois accompagné par des amis avec qui il a déjà souvent marché (dont Cédric Gras dont j'ai noté le livre à lire : L'hiver aux trousses : voyage en Russie d'Extrême-Orient). Ainsi, cette anecdote qu'il raconte lorsqu'il arrive dans l'Aubrac (mais que l'on voit un peu partout en France je pense, car c'est vrai chez nous aussi) : "Construire de savants itinéraires sur la carte pour buter sur des impasses mourant dans les labours me faisait écumer. L'IGN maintenait sur les feuilles les anciens tracés cadastraux accaparés par les paysans. Les propriétaires ne se cachaient plus de prendre leurs aises avec l'administration et d'avaler les chemins dans les confins de leurs parcelles." Et lorsqu'il demande au paysan, là sur place, celui-ci lui répond d'abord : "Vous ne trouverez pas ces chemins ce sont de vieilles cartes." Et lorsqu'il lui dit que c'est l'édition de cette année, il lui répond : "Ce sont de vieux chemins alors. On les a modifiés."

Et pour terminer, cette petite phrase pleine de poésie : "Le Cotentin était le bras que tendait la France sous le ciel pour s'apercevoir qu'il pleuvait."

J'ai adoré ce petit livre. Loin de la vie qu'on mène aujourd'hui chez nous, on pourrait croire que cette traversée de la France se passe au début du siècle dernier.

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S
ca semble sympa. Moi, pour cette règle du challenge, j'ai emprunter un livre à Benoit !
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1
Je me suis souvent dit que le jour où j'aurais du temps (à la retraite?) je ferais une grande traversée de la France à pied (jusqu'à St Jacques?) Je trouve ce genre de voyage, où tu prends ton temps et où le trajet compte plus que la destination, est passionnant!
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B
Oh, tu sais Mylène, si tu en as vraiment envie et Benoit aussi, n'attends peut-être pas d'être en retraite car la marche est de plus en plus difficile sur de vieilles jambes ! Par contre, oui ça peut être une belle période de vacances quand Lison sera grande et que vous serez de nouveau tous les 2 seuls. Ensuite, tu trouves à te loger pour une nuit sur le chemin (par exemple, Gérard Mouchette a prévu des chambres avec cuisine dans sa maison à Bagneux pour ceux qui vont à Compostelle et qui arrivent des pays du Nord), il faut bien préparer son périple !