Tant qu'il y aura des cèdres de Pierre Jarawan

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Encore un livre pour le challenge familial :un roman racontant une histoire de famille.

Quatrième de couverture : Après avoir fui le Liban, les parents de Samir se réfugient en Allemagne où ils fondent une famille soudée autour de la personnalité solaire de Brahim, le père. Des années plus tard, ce dernier disparaît sans explication, pulvérisant leur bonheur. Samir a huit ans et cet abandon ouvre un gouffre qu'il ne parvient plus à refermer. Pour sortir de l'impasse, il n'a d'autre choix que de se lancer sur la piste du fantôme et se rend à Beyrouth, berceau des contes de son enfance, pour dénicher les indices disséminés à l'ombre des cèdres. Voyage initiatique palpitant, Tant qu'il y aura des cèdres révèle la beauté d'un pays qu'aucune cicatrice ne peut altérer. A travers cette quête éperdue de vérité, se dessine le portrait d'une famille d'exilés déchirée entre secret et remord, fête et nostalgie.

Alors que ces jours-ci le Liban est de nouveau au bord du chaos à cause d'une grave crise économique, l'inflation bat tous les records, je me demande si ce pays connait des périodes de calme.

Magnifique ce livre qui, tout en nous racontant l'histoire d'une famille exilée, nous fait vivre l'Histoire du Liban. Enfin, heureusement qu'il y a, à la fin, un récapitulatif chronologique de la guerre civile au Liban de 1970 à 1992.

1992, c'est justement à cette date que débute le roman. Samir qui a huit ans vit en Allemagne avec ses parents qui sont arrivés avant sa naissance et sa petite soeur Alina. Ils sont venus en même temps que Hakim et sa fille Yasmin qui a trois ans de plus que Samir. Les deux familles n'en font pour ainsi dire qu'une. Samir est heureux, son père lui raconte de belles histoires sur le Liban. Mais il voit bien que son père ne peut oublier sa vie là-bas. Un soir, en regardant un album photo en famille, Hakim et Yasmin sont là aussi, un grand trouble apparait chez les adultes quand son père retrouve une photo où il est en compagnie de Béchir Gemayel. Brahim devient taciturne, ne raconte plus d'histoires à son fils, ne le regarde plus et quelques jours plus tard, disparaît. Huit ans après la disparition de son père, sa mère meurt. Hakim s'occupe de Samir et Alina est placée dans une famille d'accueil. Samir est toujours très perturbé par la disparition de son père, il fait des recherches pour connaître la raison de son départ. Il demande à Yasmin de l'épouser, elle lui répond qu'elle l'épousera lorsqu'il aura retrouvé son père et lui demande de partir à sa recherche au Liban. Samir part au Liban à la recherche de son père avec la photo qu'il a gardée depuis ces années. Liban qui est encore en proie à des troubles.

Extraits : "C'était tout lui. Il reconnaissait d'instinct les occasions de réjouissance. Quand la vie lui offrait l'opportunité de transformer un moment ordinaire en un moment d'exception, il n'hésitait jamais. Mon père était toujours nimbé d'une aura d'assurance. Il irradiait cette allégresse communicative, qu'il diffusait comme un parfum et qui s'emparait de tous ceux qui l'approchaient. Dans ses yeux, qui étaient le plus souvent marron foncé mais révélaient parfois une nuance verte, on pouvait déceler sa malice, si bien qu'il semblait soudain sortir tout droit des pages d'un roman picaresque. Un sourire insouciant lui courait en permanence sur les lèvres. Les lois de la nature avaient beau lui enseigner qu'un plus et un moins donnaient un moins, il se contentait d'effacer le moins pour ne garder que le plus. Les lois de ce genre ne s'appliquaient pas à lui. En dehors des dernières semaines que nous avons vécues ensemble, je l'ai presque toujours vu danser comme un esprit joyeux au milieu des bonnes nouvelles de la vie, tandis qu'il n'entendait jamais les mauvaise, comme si un extraordinaire filtre à bonheur les empêchait de l'atteindre."

"Un proverbe dit : "Si quelqu'un croit avoir compris le Liban, c'est qu'on lui a mal expliqué". Je pense que cela vaut aussi pour mon père. Comme ce pays, il demeure un mystère pour tous ceux qui l'ont aimé. Un expert dans l'art de profiter de la vie. Un opportuniste. Un conteur. Il incarnait le Liban mieux que personne : le goût de la fête et de la poésie était aussi inné en lui que la mélancolie et le refus d'affronter la réalité en face. Ses actes font-ils de lui un mauvais homme ? Ne sont-ils pas plutôt ce qui le rend si humain et démontre qu'il n'a jamais cessé d'écouter son coeur ? A-t-il trouvé ce qu'il cherchait ? Je l'ignore. Je ne lui ai pas demandé."

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Encore un joli choix de livre qui donne envie
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L
J'en ai deja entendu parler de ce roman. En tout cas les extraits sont tres beaux.
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