Les fleurs du Mal de Baudelaire

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Cette nouvelle page, juste pour noter les deux poèmes sans titre que j'ai aimés, vu que les autres, dont j'ai donné les titres, vous pouvez certainement les trouver.

 

Je n’ai pas oublié, voisine de la ville,

Notre blanche maison, petite mais tranquille ;

Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus

Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,

Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,

Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe,

Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux,

Contempler nos dîners longs et silencieux,

Répandant largement ses beaux reflets de cierge

Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.

 

*****************

 

Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre,

Des fermes, des vallons, par-delà les coteaux,

Par-delà les forêts, les tapis de verdure,

Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,

 

On rencontre un lac sombre encaissé dans l’abîme

Que forment quelques pics désolés et neigeux ;

L’eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime,

Et n’interrompt jamais son silence orageux.

 

Dans ce morne désert, à l’oreille incertaine

Arrivent par moment des bruits faibles et longs,

Et des échos plus morts que la cloche lointaine

D’une vache qui paît aux penchants des vallons.

 

Sur ces monts où le vent efface tout vestige,

Ces glaciers pailletés qu’allume le soleil,

Sur ces rochers altiers où guette le vertige,

Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,

 

Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,

Le silence qui fait qu’on voudrait se sauver,

Le silence éternel et la montagne immense,

Car l’air est immobile et tout semble rêver.

 

On dirait que le ciel, en cette solitude,

Se contemple dans l’onde, et que ces monts, là-bas,

Ecoutent, recueillis, dans leur grave attitude,

Un mystère divin que l’homme n’entend pas.

 

Et lorsque par hasard une nuée errante

Assombrit dans son vol le lac silencieux,

On croirait voir la robe ou l’ombre transparente

D’un esprit qui voyage et passe dans les cieux.

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1
Bon je ne sais pas si ses dîners "long et silencieux" étaient joyeux et de bons souvenirs, mais moi ce soleil couchant sur une famille qui dîne, ça me donne une image belle et heureuse
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1
Ah oui très jolis. Moi j'aime beaucoup le 1er, le quotidien y est si poétique! J'aime que l'idée que chaque instant peut être bonheur , souvenir heureux et poésie si on le souhaite
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L
J'aime bien le deuxième !
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