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Voilà j'ai terminé le livre que Sarah m'a donné à lire pour le challenge : un livre recouvert dont on ne connait ni le titre ni l'auteur. Eh bien Sarah je peux te dire que ton choix était extraordinaire. J'ai adoré, j'ai souvent ri aux éclats et de plus, c'est magnifiquement écrit.
Comme je n'ai pas de quatrième de couverture, j'ai pensé que cet extrait qui se situe vers la fin du livre la remplacerait très bien : "La caractéristique la plus remarquable du suspense, ce n'est pas le plaisir qu'il est susceptible de procurer, mais bien son potentiel de frustration. Il n'y a rien de plus désagréable pour un lecteur de roman qui a cherché sa voie dans le mystère que de devoir se satisfaire, lors du dénouement, d'une explication bancale qui tombe à plat. Parallèlement, si la mise en place d'une intrigue à suspense est assez aisée pour un écrivain bricoleur, la résolution renversante qu'il est censé apporter in fine lui vaut de véritables sueurs froides. C'est pourquoi dans un roman, le véritable suspense ne réside pas dans la question "Qui est le meurtrier?", mais dans celle-ci : "L'auteur est-il bon?"
Eh bien oui, l'auteur est bon, il est même excellent ! Au début, j'essayais de trouver qui il pouvait bien être ? J'avais l'impression d'avoir déjà lu ce début. Mais bon, entre le rire que procurait chaque personnage dans leur façon d'être (les deux principaux, si on peut dire puisqu'ils finissent par être tous des personnages principaux, qui s'épient de chaque côté de la rue de la Doulce Belette) et le suspense de qui a tué le chien de Mme Brichon (nous on sait, mais tous les locataires cherchent), puis la mort de certains personnages (comique celle de Mme Brichon en saut à l'élastique depuis le toit de l'immeuble avec près d'elle son chien mort qu'elle avait retrouvé), et puis tout s'emmêle un peu (on suit très bien, ce n'est pas le problème) : de qui vient les dénonciations, les lettres anonymes, un des films de Zamora qui retrace la mort du chien (mais est-il vraiment de Zamora ?), ...Chaque personnage se retrouve fortement impliqué dans tout ce qui se passe dans ces deux immeubles qui se font face. Et puis arrive le final, et là : zut, c'est n'importe quoi ! Ah mais non, il reste le dernier chapitre, et là, on sait tout, mais c'est incroyable, fantastique, diabolique même. Je me demande comment certains auteurs font pour avoir une telle imagination !
J'essaie vainement de trouver qui est responsable des morts, mais aussi l'auteur et le titre du livre. Comme lorsque je lis, je feuillette toujours les livres, je regarde sans lire les dernières pages et là j'avais vu qu'à la toute dernière c'était signé Gaspard. Gaspard c'est le prénom d'un des personnages qui dit justement qu'il voudrait écrire un roman (l'extrait du haut c'est lui qui parle). Je pense que l'auteur du livre c'est lui (mais ça ne me donne pas pour autant le nom de l'auteur), mais par contre il indique dans la dernière phrase le titre du livre qu'il offre à son père (ça je ne l'ai vu qu'à la fin quand je l'ai lu) : "Prenez soin du chien". Je verrai tout à l'heure si c'est vraiment le titre lorsque j'enlèverai la couverture.
Mais avant, je voudrais quand même vous mettre encore un extrait, j'ai tellement aimé : "Alors que je montais un carton rempli de livres, j'ai heurté un boudin flasque et poilu étalé sur les marches de l'escalier. J'ai vite compris qu'il ne s'agissait pas d'une serpillière. En effet, celles-ci mordent rarement avec autant de férocité que l'ignoble bestiole dont je fis la connaissance...Bien que passablement édenté et manifestement asthmatique, l'animal avait l'extraordinaire capacité d'aboyer tout en broyant le mollet du passant imprudent que j'étais. Ce talent rarissime ne put s'exercer longtemps ; la surprise me fit lâcher le carton. J'ai été prof de lettres pendant quelques années. C'était la première fois que j'obtenais le silence avec les oeuvres complètes de Victor Hugo. L'escalier était désert, l'air lourd. L'ex-chien sous Notre-Dame de Paris."
Donc oui, c'est bien "Prenez soin du chien" de J.M. Erre. Il est prof de français dans un lycée à Sète. Quelle chance pour ses élèves, un tel prof ! C'est son premier roman et voici la critique du Figaro littéraire : "Maîtrisé jusqu'à l'épilogue, ce Cluedo burlesque fonctionne comme une vraie mécanique d'horlogerie." Petite précision : Gaspard ce n'est pas le personnage du roman qui a écrasé le chien, mais c'est Max Corneloup.