Les impatientes de Djaïli Amadou Amal

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Ah, le prix Goncourt des lycéens ! J'avais déjà lu huit livres ayant obtenu le Prix Goncourt des lycéens. Jamais déçue. Ils ont bon goût les lycéens ! Alors quand, en 2020, ils ont attribué le prix à Djaïli Amadou Amal, il fallait que je lise son roman. Rien qu'en lisant la quatrième de couverture, je savais que j'allais aimer !

Quatrième de couverture : trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l'époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d'épouser son cousin. Patience ! C'est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu'il est impensable d'aller contre la volonté d'Allah. Comme le dit le proverbe peul : "Au bout de la patience, il y a le ciel." Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ? Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

Sur la première page, il est mentionné : cet ouvrage est une fiction inspirée de faits réels.

Qu'a exactement vécue Djaïli Amadou Amal lorsqu'on sait qu'elle est née dans l'extrême nord du Cameroun, qu'elle est peule et musulmane. Mariée à 17 ans, elle a connu tout ce qui fait la difficulté de la vie des femmes du Sahel.

Le roman est composé de trois grandes parties. La première intitulée : Ramla. Ramla raconte comment elle a été mariée, très jeune, en même temps que sa soeur Hindou. La deuxième : Hindou qui raconte sa vie, son calvaire vécu avec son mari. Et enfin, la troisième : Safira qui, elle, raconte tout ce qu'elle entreprend pour faire partir Ramla. Cela faisait vingt ans qu'elle était mariée et n'avait donc jamais pensé que son mari épouserait une autre femme.

Quelques extraits :

"Après un silence, mon père reprend sur le même ton grave et autoritaire : "A partir de maintenant, vous appartenez chacune à votre époux et lui devez une soumission totale, instaurée par Allah. Sans sa permission, vous n'avez pas le droit de sortir ni même celui d'accourir à mon chevet ! Ainsi, et à cette seule condition, vous serez des épouses accomplies !"

"La coutume impose la retenue dans les relations entre parents et enfants au point qu'il est impossible de manifester une émotion, des sentiments. C'est ce qui explique qu'il n'est pas particulièrement proche de nous. La seule preuve que j'ai de son amour paternel est celle d'exister. Je ne sais pas si mon père m'a déjà portée dans ses bras, tenue par la main. Il a toujours gardé une distance infranchissable avec ses filles. Et il ne m'est jamais venu à l'esprit de m'en plaindre. C'était ainsi, et ça ne peut être autrement. Seuls les garçons pouvaient voir mon père plus souvent, entrer dans son appartement, manger avec lui et même, parfois, l'accompagner au marché ou à la mosquée. En revanche, ils ne pouvaient pas s'attarder à l'intérieur de la concession, qui restait le domaine des femmes. La société musulmane définit la place accordée à chacun."

"Et je sors de l'appartement de mon époux, laissant la place à une autre. Il sera à elle exclusivement pendant une semaine. Ensuite, nous commencerons une ronde et partagerons le mari."

 

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S
Ça n'a pas l'air joyeux non plus...! Décidément !
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1
Ton résumé et tes extraits me font totalement penser à ce que m'avait raconté une jeune refugiée camerounaise. Je lui avais dit que vu de France le Cameroun semblait être un pays plutôt moderne. Comme quoi on ne connait pas la réalité des autres pays
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