Premier arrêt après la mort de Jacques Attali

Publié le

Premier livre du challenge lu : un roman policier.

De Jacques Attali, j'ai plutôt eu l'habitude de lire des essais que des romans. Pourtant si on regarde la liste des oeuvres à la fin de ce livre, outre de nombreux essais, il a écrit des biographies, des mémoires, des rapports, quelques romans, deux dictionnaires, trois pièces de théâtre et un conte pour enfant.

Ce roman policier a été publié début 2017, mais l'histoire se déroule en vingt jours entre le 16 juillet et le 4 août 2018. Il mêle dans l'intrigue la vie au niveau international, ce qui m'a un peu gêné au début du roman car j'ai eu peur de ne pas être dans un vrai roman policier. De plus, on pourrait le croire visionnaire : il raconte que la France a gagné la coupe du monde de foot (bon la finale avait lieu contre la Russie, remportée par 4 tirs au but à 3, et la demi-finale entre la Russie et l'Allemagne !). Il dit aussi que le Ministre de l'Intérieur venait de démissionner, on ne sait pas vraiment pour quelle raison, et qu'il avait été remplacé par un ministre incompétent !

Quatrième de couverture : Juillet 2018 : l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie, la Belgique sont touchés par une terrible vague d'attentats ; les tensions en mer de Chine font craindre le début d'une troisième guerre mondiale. La France semble épargnée, jusqu'à ce qu'on retrouve un cadavre, calciné et mutilé, attaché à un arrêt de bus, puis un deuxième. Au troisième corps supplicié découvert Place Beauvau, un mystérieux correspondant annonce l'imminence d'une catastrophe : la France est prise de panique. Le président de la République demande que l'enquête soit confiée à une jeune et brillante commissaire, Fatima Hadj. Elle a vingt jours pour arrêter l'auteur de ces assassinats barbares. Sinon...

Pour la première fois, Jacques Attali livre un thriller haletant dans lequel on croise des politiciens sans foi ni loi, des policiers bordeline, des mercenaires prêts à tout, des espions plus ou moins doubles, des journalistes mythomanes. Et nous plonge au coeur de secrets d'Etat, qu'il connaît intimement. Une enquête trépidante dans un futur proche et chaotique, terriblement vraisemblable.

J'ai beaucoup aimé ce roman. Jacques Attali a l'art du suspense. On n'a pas envie de s'arrêter de lire pour connaître la suite et surtout la fin. Ensuite, je me suis demandée aussi : y a-t-il une part de réel dans ce roman ? Si oui, ça fait peur.

Quelques extraits : "En se réveillant, elle se sentit épuisée, comme si elle n'avait pas dormi une seconde. Bouleversée par son chagrin, écrasée de tristesse, en sueur et en larmes, incapable, pendant de longues minutes, malgré les rires de ses enfants, d'admettre que ce n'était qu'un rêve, et que son père devait dormir tranquillement chez lui à Dunkerque, comme toutes les nuits depuis quarante ans. Elle l'appellerait tout à l'heure..."

"Elle n'aimait pas ces mondanités, et elle se trouvait déjà beaucoup trop visible. Elle n'avait pas choisi ce métier pour se trouver sous les feux de la rampe ; mais parce qu'elle aimait chercher la vérité, enquêter, comprendre. Le métier de policier, pour elle, ressemblait à celui d'un chercheur. Un chercheur en monstruosité humaine. La plus passionnante des recherches. Nous sommes tous des monstres, pensait-elle souvent, provisoirement domestiqués. Avec des secrets profondément enfouis et des perversions plus ou moins maîtrisées. Et cette nouvelle affaire n'allait pas lui faire changer d'avis."

"De nombreux hommes politiques français, à droite comme à gauche, répétèrent, devant leurs caméras, que rien de tout cela ne serait arrivé si on avait mis en place la détention préventive des suspects extrêmes ; en ratissant large. Pas seulement les suspects extrêmes de terrorisme, mais tous les fichiers S ; après tout, cela ne faisait, selon les experts, que 20 000 personnes."

"Oui, mais voilà, ce ne sont pas que des crimes d'Etat. Ce sont surtout des crimes autorisés par l'Etat. Ce n'est pas du tout la même chose. Il n'y a rien de pire que ceux qui prétendent lutter contre les barbares avec des méthodes de barbares. Plus que le terrorisme, il faut craindre ceux qui se nourrissent de lui pour mettre fin à la démocratie. Ils sont en apparence leurs ennemis. Ils sont en réalité leurs alliés."

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
1
C'était justement une question à l'invité de ce matin sur France info : que fait-on des djihadistes partis en Syrie? doit-on les juger en France ou les laisser mourir à l'étranger ce qui revient a se mettre au même niveau qu'eux?
Répondre
L
Alors tu vois que tu peux même aimer des romans policiers !
Répondre
B
Oh oui, je sais. J'avais déjà beaucoup aimé "Opération Napoléon" d'Arnaldur Indridason.